Le Beaujolais n'aura donc pas échappé à la grêle cette année. La région était parmi les plus chanceuses jusqu'ici et le millésime 2017 était sur d'excellents rails (et l'est toujours pour les vignerons non touchés) lorsque ce lundi 10/07, un orage d'une rare violence a frappé les appellations Fleurie et Moulin-à-Vent (également Régnié, Morgon et Chiroubles mais dans une moindre mesure). Les canons à grêle ont fonctionné et la taille des grêlons a été bien réduite (quelques mm de diamètre). Mais la force du vent a été telle que les vignes ont été comme sablées.
Le tour des vignes effectué 3 jours après a été bien triste...
La Madone, au pied de la Chapelle
Sur Fleurie, les dégats me semblent concentrés sur La Madone (100% détruit), Le bourg (idem) et tout ce qui est « en-dessous » en allant vers Romanèche-Thorins (Grand Cour, Champagne, Le Vivier, Les déduits, La Brie, La Roilette) où on doit être entre 60 et 90% de dégâts selon les endroits.
Fleurie, parcelle située au sein du bourg
La face Ouest des vignes est systématiquement ravagée, l'autre face a parfois été préservée.
Quelques grappes protégées du vent d'Ouest ont résisté (Fleurie Le Point du Jour)
Au nord de La Madone et vers Les Marrans (côté Morgon), la situation est bien moins grave.
Sur l'appellation Moulin-à-Vent, l'orage a pris bien plus large que l'an dernier, il y a de gros dégats sur toute l'appellation entre Romanèche-Thorins et le bourg de Chénas. Tous les plus beaux climats y sont passés, surtout autour du moulin (Carquelin, Champ de Cour, Vérillats, La Rochelle, etc...), partout entre 50 et 80% de la production est détruite.
Moulin-à-Vent Les Vérillats, 80% de pertes environ...
Au-dessus du bourg de Chénas, c'est moins touché, le feuillage a résisté mais les raisins sont tapés, il va y avoir un gros tri à faire aux vendanges. Exemples sur la photo ci-dessous avec Les Michelons du domaine Jules Desjourneys :
Raisins "tapés" par la grêle, du tri en perspective
Je ne suis pas allé sur Régnié et les hauts de Morgon et Chiroubles où les vignerons m'ont indiqué des dégâts plus limités (jusqu'à 30% de pertes par endroits tout de même).
Si on parle des vignerons, la situation est bien sûr variable selon la répartition de leurs vignes. Les domaines les plus touchés parmi ceux que je distribue sont ceux de Jean-Louis Dutraive (9 ha de Fleurie 100% détruits, restent les 2 ha de Brouilly), Marc Delienne (80% de pertes au moins), Richard Rottiers et Eric Janin (environ 70% de pertes), Cédric Chignard et Alain Coudert (60%). Cela fait très mal, surtout que tous ceux-là avaient déjà perdu gros l'an dernier.
Quand on demande aux vignerons ce qu'on peut faire pour eux, ils répondent tous la même chose : acheter et boire leurs vins, en acceptant les hausses de tarif qui sont simplement nécessaires à leur survie et les vins de négoce lorsqu'il n'y a que ceux-là pour pallier le manque de raisins. Pensez-y lors de vos prochaines commandes !
Souhaitons que les cieux soient cléments dans les 50 jours qui restent jusqu'aux vendanges, pour sauver ce qui peut l'être et faire une belle qualité, à défaut de quantité. Sur les secteurs non grêlés (Morgon Côte du Py par exemple, Brouilly, Côte-de-Brouilly, etc...), la situation est parfaite actuellement et on peut toujours espérer un grand millésime.