Présentation générale des terroirs du Haut-Beaujolais
« Douces collines et vallées serpentines forment un paysage très français, aux ardeurs tempérées, avec de brusques échappatoires et des digressions rêveuses, la forêt en altitude servant de toile de fond. »
(Dictionnaire amoureux du vin, Bernard Pivot, 2006)
Paysage typique du Beaujolais
(Mont Py au second plan et Mont Brouilly au troisième plan)
Le climat :
Le climat est plutôt océanique, tempéré, tout en étant marqué à la fois par l'influence méditerranéenne (étés chauds) et continentale (orages d'été, brouillards givrants et températures basses l'hiver). Il y a donc des écarts de température importants. Les montagnes du Haut-Beaujolais (1 000 m), auxquelles sont adossés les coteaux viticoles à l'est, jouent un rôle protecteur. Comme en Alsace, cela crée un effet de foehn conduisant à l'assèchement des masses d'air venues de l'Ouest et à des températures plus chaudes. La large vallée de la Saône joue également un rôle prépondérant, offrant une grande luminosité et véhiculant les influences méridionales, marquées en particulier par de fortes chaleurs estivales. L'altitude des coteaux par rapport à la rivière, isole la plus grande part du vignoble des brouillards qui inondent fréquemment la vallée de la Saône.
La pluviométrie se situe ainsi à un niveau moyen, avec 720 mm annuels (470 mm sur la période végétative avril-octobre). L'ensoleillement normal est de 1925 heures sur l'année.
Les évènements climatiques les plus particulièrement redoutés sont :
- Les gelées de printemps, qui peuvent causer des dégâts importants en début de cycle végétatif, d'autant plus que les vignes de gamay débourrent tôt.
- Les orages de grêle, particulièrement dans le nord des crus.
Bien que réparti sur une bonne quarantaine de kilomètres du nord au sud, le Beaujolais viticole présente un profil climatique particulièrement homogène.
Topographie :
L'ensoleillement étant essentiel dans cette région, la géologie le favorise en créant des reliefs adaptés : les pentes d'exposition Est et Sud-Est sont majoritaires (comme tout le long de la cuesta qui remonte jusqu'à la côte de Nuits) et permettent au vignoble de bénéficier des premiers rayons de soleil du matin.
L'altitude du vignoble varie de 200 à 550m d'altitude.
Exposition et altitude peuvent engendrer jusqu'à 2 semaines de décalage de maturité entre les zones les plus précoces (Moulin-à-Vent, Brouilly) et les plus tardives (hauteurs de Chiroubles, partie Nord-Ouest de Fleurie).
Les Labourons, un terroir tardif au nord-ouest de Fleurie
Les sols :
Les sols des crus du Beaujolais se développent sur les roches-mères s'étant altérées sur place (voir Géologie des crus). Il s'agit donc ici principalement d'altérites. La surface du sol est donc très souvent minérale avec des fragments de roche.
Le Beaujolais dit sédimentaire (au sud des crus) montre quant à lui des terrains argilo-calcaires qui produisent des vins relativement acides et légers classés en AOC Beaujolais et souvent écoulés en primeur.
Les terroirs issus de ces différents sous-sols sont composés :
- soit de sols argilo-sableux au nord, issus de roches primaires volcaniques, granitiques et schisteuses altérées et désagrégées en pierres, sables plus ou moins grossiers, et argiles.
Gore ou granite altéré : le sol majoritaire des crus du Beaujolais (Ici à Chiroubles)
- soit de sols argileux et argilo-calcaire au sud, sur le substrat sédimentaire calcaire d'âge jurassique.
- Un troisième type de sol, limono-argileux, existe en bas des pentes et dans la vallée. Il est composé de limons argileux apportés par les eaux de la Saône ou descendus des hauteurs des coteaux avec les eaux de ruissellement (alluvions). Ce sont des terroirs moins qualitatifs que les altérites, souvent classés en Beaujolais ou Beaujolais-Villages, mais on en retrouve également sur certains crus.
Un patrimoine de vignes denses et âgées :
L'âge moyen des vignes est élevé : 44 ans sur l'ensemble du Beaujolais.
La densité moyenne de plantation est proche des 10 000 pieds/ha. Combinée à la conduite traditionnelle en gobelet à ras du sol, avec un échalas central destiné à regrouper les sarments, cela influe grandement sur certains choix du vigneron :
- La mécanisation est difficile et limité à certaines tâches,
- l'enherbement est plus difficile à mettre en œuvre et encourage l'usage des désherbants.
Vigne centenaire en gobelet au ras du sol... qu'il est impossible de labourer