Tout a commencé la nuit du 27 Avril : une température de -4°C et une récolte quasi-détruite...
Et pour ne pas arranger la situation, le mildiou fût également mortifère pour le peu de raisins qui sortirent.
A l'heure de faire les comptes, avec un rendement estimé à 5 hl/ha (nous verrons plus tard que l'estimation était malheureusement bonne), c'est la désolation et beaucoup de questions se sont posées quant à la poursuite des travaux dans la vigne... Il a pourtant bien fallu les faire, pour la pérennité de la culture et de l'exploitation, malgré le moral en berne et l'angoisse de l'avenir.
Philippe Gilbert, qui est un des vignerons les plus humains et généreux que je connaisse, a eu besoin de la solidarité de son entourage pour organiser des vendanges 2016 qui a défaut d'être rentables, se devaient d'être faites par respect du travail de toute l'équipe, toute l'année... et par respect de la vigne.
Nous avons apporté notre petit soutien en répondant présent autant que nous le pouvions. Rendez-vous était donné samedi 8 Octobre pour le coup d'envoi sur les sauvignons de Champaloin.
Les outils du vendangeur
30 vendangeurs hardis mais inexpérimentés, encadrés par l'équipe du domaine, ont ainsi vendangé 14 ha de blancs en 3 petites journées. Il faut dire que pour remplir un seau, il fallait faire davantage fonctionner les jambes que les sécateurs... Avec de manière générale 0 à 1 petite grappe par cep, parfois 2 et très exceptionnellement 3, nous constations les dégâts d'une parcelle à l'autre.
Petite grappe de Sauvignon, déjà qu'il y en a peu...
Il y avait bien un ha de jeunes vignes un peu plus chargée à La Montaloise (rendement de cette parcelle 10 hl/ha) ; je ne saurais pas dire pourquoi mais Philippe nous l'a faite vendanger en plusieurs fois celle-ci, peut-être pour nous redonner aussi à nous un peu le moral ! Parce que d'autres vignes étaient complètement sinistrées.
Les Treilles, au matin du 3ème jour
Je crois avoir eu la « chance » de faire le pire rang, qui avait par ailleurs beaucoup de manquants, j'y ai cueilli 3 grappes (enfin grapettes dirais-je) sur environ 80 mètres... C'était en bordure de la parcelle Les Treilles qui donne habituellement les plus beaux raisins ceux qui entrent dans la cuvée Les Renardières... Mais cette année elles ont rejoint les autres, pour obtenir au final une seule cuve de 50 hectolitres de jus.
Les seaux étaient rarement pleins en fin de rang...
50 hectolitres, c'est ce qu'il faudrait faire sur un hectare, cette année ce fût sur 14 hectares...
Nous n'avons pas participé à la récolte des pinots noirs dont Philippe espérait un « meilleur » rendement, autour de 7hl/ha. Mais nous apprîmes plus tard que le rendement en jus était faible pour retomber à 4,5 hl/ha, comme les blancs.
Le jus en sortie du pressoir
Une consolation, la qualité est superbe en blancs comme en rouge, avec une maturité optimale à l'équilibre très haut (13°8 potentiel pour la cuve de blancs et une très bonne acidité). Ce sera du concentré de Menetou-Salon.
Autre consolation, l'ambiance fût festive, avec beaucoup de joie et d'entrain au moment des déjeuners et dans les rangs. Tout le monde était heureux d'être là, sous le soleil frais de l'été indien. Philippe ne l'a pas dit mais on commence à le connaître, nous sommes certains qu'il rêve déjà à ce que cette joie et cet entrain vont apporter au vin, comment ils vont construire son âme... car les vins de Philippe ont toujours une âme.
Merci Monsieur Gilbert et rendez-vous dans quelques mois pour les goûter ces 2016 !