Rendez-vous habituel pour moi à cette époque, permettant de se faire une idée précise du millésime chez ce vigneron que la discrétion et le manque de vins éloigne des salons.
2017, comme 2016, n'a pas été de tout repos. Les 2 épisodes de grêle qui ont frappé le Beaujolais, et, paradoxalement, le manque d'eau sur certaines zones, ont stressé la vigne et parfois, entamé sérieusement la récolte. Comme je vous l'explique dans la lettre du millésime 2017, il est impossible de généraliser les qualités et les défauts des 2017 en Beaujolais. Rien que chez un seul vigneron comme Daniel Bouland, on a 3 profils de vins bien différents en fonction des secteurs. D'où l'intérêt de goûter les vins avec les explications du vigneron, parcelle par parcelle, pour mettre en parallèle les caractéristiques des différentes cuvées, le travail effectué et ce climat décidément capricieux.
Les prélèvements ont été effectués la veille au soir sur foudres (ou cuves) et goûtés à 15/16° dans d'excellentes conditions.
A noter qu'il devrait y avoir 4 cuvées de Morgon sur ce millésime 2017, Daniel retrouvant des volumes corrects dans l'ensemble après 2 années noires de ce point de vue.
Très légère réduction au départ qui se dissipe rapidement. Le vin goûte déjà très bien, il est bien ouvert sur des notes de fruits rouges acidulés. Mûr, équilibré, très croquant et peu tannique, il donne tout ce qu'on demande à un Chiroubles. Très difficile de le recracher... Encore une grande réussite de Daniel sur ce cru !
Couleur violacé intense. Réduction plus importante au nez, mais non dérangeante en bouche. Grosse concentration, l'alcool porte les fruits noirs, presque confits et laisse la minéralité habituelle du cru au second plan. Un vin tout en largeur qu'on pourrait placer en Rhône Nord à l'aveugle. Je ne suis pas particulièrement séduit même si ça reste très bon dans un style confit. Il sera plutôt à boire jeune sur le fruit je pense.
Robe grenat profond mais pas impénétrable. On retrouve le croquant du Chiroubles avec des tanins fins qui se font un peu plus présents, mais sans marquer particulièrement la bouche. La minéralité ressort davantage. Ce qui me marque dans ce vin, c'est sa gourmandise et la facilité avec lequel il se boit déjà. On croque dans les fruits rouges, la bouche est pure (pas de réduction). Déjà beaucoup de plaisir et une cuvée, qui, si elle est mise en bouteilles sans assemblage, permettra de boire un Morgon de Daniel Bouland dans sa prime jeunesse, en attendant les autres... voilà une nouveauté !
On retrouve la structure des Morgon de Daniel, cette ossature ferme mais classieuse qui sied si bien à ses vins. En contrepartie, c'est évidemment moins accessible même si on note toujours une très belle et pure aromatique sur les fruits rouges. Le grain de tanin est fin et la fin de bouche, sur le graphite, n'est pas particulièrement dure. Un Morgon très bien fait qui sera parfait dans 5 à 8 ans.
Construit autour d'une structure très typée « vendange entière », avec ses notes de ronce, il affiche une mâche importante mais confortable, sans surextraction ni verdeur. Le fruit est éclatant, toujours davantage sur les fruits rouges que noirs, avec des accents floraux qui nous amèneraient presque en Moulin-à-Vent. L'équilibre est excellent, la profondeur et la longueur sont au rendez-vous (finale sur la pierre mouillée). Grande réussite que ce Morgon qui défiera le temps et qui n'a rien à envier aux millésimes réputés tels que 2015, dans un style naturellement plus frais.
Difficile de dire lequel des deux Vieilles Vignes domine l'autre. Celui-ci affiche (comme d'habitude) un petit supplément de concentration mais aussi de maturité, les fruits noirs prenant peut-être un peu plus d'ampleur. Les 2 vins ont autant d'éclat, la fraîcheur est bien au rendez-vous, la vendange entière mûre donnant cette classe incomparable aux vins sans les dépouiller de leur gourmandise. Toujours de la profondeur et des tanins serrés dans une texture de taffetas et toujours cette finale minérale à souhait faisant ressortir le caractère pierreux du terroir. A découvrir sur le fruit dans l'année suivant la mise ou bien à laisser vieillir en toute confiance une dizaine d'années (et plus).
Décidément, Daniel Bouland fait partie de ces vignerons qui savent tirer toute la quintessence de leurs vignes, dans chaque millésime. Si 2016 avait déjà été, malgré ses infortunes, brillamment interprété, que dire de 2017 ! Relativement épargné par les orages de grêle, Daniel a pu produire plus de vins, avec un niveau de qualité exceptionnel. Les 6 cuvées sont toutes recommandables, avec une mention spéciale au Chiroubles Chatenay et aux deux Morgon Vieilles Vignes pour la parfaite définition de leur terroir et un léger bémol concernant le Côte-de-Brouilly, que la sécheresse a notablement marqué. Le Morgon Corcelette « Jeunes Vignes » est également très intéressant pour son accessibilité et sa pureté.
Rendez-vous fin Mai / début Juin pour la commercialisation des vins.