Le millésime 2020 en Beaujolais

 

Encore une année précoce et chaude !

Le rythme du réchauffement climatique semble s’accélérer inexorablement, 2020 est le 2ème millésime le plus précoce de toute l’histoire du vignoble beaujolais après 2003. L’été fût particulièrement chaud et sec, avec quelques orages ci et là qui offrirent parfois un peu de répit à la végétation. Il en résulte forcément une petite récolte et des jus concentrés.

 

La vigne en 2020

 

On se rappellera tous, je crois, des jours doux et ensoleillés qui auront marqué le premier confinement dû à la Covid-19 à partir de la mi-Mars. Ainsi débute le millésime 2020, précocement, après un hiver lui-même très doux. Heureusement, aucune gelée cette année ne vient réduire les espoirs des vignerons.

Avec un débourrement fin Mars et un mois d’Avril aux températures et à l’ensoleillement exceptionnels (le 3ème depuis le début des relevés), la vigne a une avance notable et ne souffre d’aucune pression cryptogamique.

 

Inflorescence 130520

Juste avant la fleur et nous ne sommes que le 13 Mai !

 

La première quinzaine de Mai apporte 60 mm d’eau qui sont les bienvenus juste avant la floraison qui a donc lieu durant la seconde quinzaine de Mai sous un temps sec, quasi-estival.

Jusqu’ici tout va vite et bien !

Le mois de Juin est d’abord frais et humide,  les « chanceux » ont 80 mm de pluie, les moins chanceux à peine 30 mm… une grosse différence qui aura son importance pour la suite. Car la suite c’est la sécheresse et la chaleur à partir du 22-23 Juin. Les vignes sont très belles en tout cas à ce stade, Les grappes sont prometteuses.

 

Cep La Roilette 100620

Belles grappes longues et aérées à la Roilette le 10 Juin

 

En Juillet, il fait donc très chaud et le plus souvent sec (un seul épisode orageux notable les 21 et 22 Juillet avec des cumuls de pluie faibles dans l’ensemble).

La véraison commence à la mi-juillet avec 15 jours d’avance sur la normale et sur 2019 par exemple. La fin du mois est étouffante avec une canicule qui dure 10 jours et un soleil ardent qui occasionne des grillures sur les baies en cours de véraison. Il y a ensuite une semaine de répit puis un second épisode caniculaire du 7 au 13 Août. Les orages sont rares et ne donnent que localement une dizaine de mm d’eau, bien peu compte-tenu de la chaleur…

Avec ces températures, la maturation des baies va bon train et le ban des vendanges est fixé au 20 Août, la deuxième année la plus précoce après 2003 donc, comme indiqué en introduction. On a encore gagné une semaine par rapport à la date donnée par la floraison.

Un dernier épisode caniculaire de courte durée intervient du 20 au 22 Août alors que les premiers coupeurs s’affairent dans les secteurs précoces.

 

 

Qualité de la vendange 2020

 

L’état sanitaire des raisins est globalement excellent compte-tenu de la météo, mais certaines vignes (les moins arrosées et celles aux sols les plus drainants) ont beaucoup souffert de la sécheresse et leurs raisins sont petits et peu juteux. Quelques grillures également à trier.

Les secteurs précoces sont récoltés par temps chaud et les raisins sont particulièrement concentrés et riches en sucres. Les rendements sont généralement corrects sans être importants (autour de 40-45 hl/ha) mais ils sont parfois très faibles là où la sécheresse a sévi (moins de 30 hl/ha, voire 20).

Le 28 Août, les températures baissent brutalement et une pluie de 10 à 20 mm selon les endroits vient rafraîchir la vigne. Ceux qui pouvaient attendre sont alors récompensés car les raisins gonflent un peu et les jus sont plus équilibrés.

 

 

Les vins de 2020

 

On comprend donc, qu’en fonction de la précocité des parcelles et du stress hydrique subi ou non par la vigne, deux types de vins vont voir le jour en 2020 :

  • Des vins mûrs mais équilibrés sur un profil aromatique de fruits mûrs (plutôt fruits noirs), avec de la couleur, beaucoup de charme et des tanins abondants mais aimables, dans un profil que je dirais intermédiaire entre 2015 et 2018.
  • Des vins où la surmaturité et la dégradation des acidités naturelles ont amené des arômes de fruits compotés et des degrés alcooliques très élevés.

 

En 2020 comme en 2015, il aura été important de ne pas trop extraire et de chercher à conserver la fraîcheur dans les vins. Ceux dont les vignes n’ont pas trop souffert et qui ont réussi leurs vinifications dans ce sens ont fait de grands vins. Il y en a beaucoup mais on ne peut pas parler de réussite généralisée.