A la découverte du domaine de Mee Godard (26/05/16)


 

Mee Godard ne fait du vin que depuis le millésime 2013 mais elle apprend vite ! Il faut dire qu'elle n'a pas bien le choix, car reprendre et travailler quasiment seule un vignoble de 5 ha est un sacré challenge ! Surtout quand on part de zéro commercialement et qu'il faut donc développer sa communication et son réseau de distribution.

Lorsque j'ai goûté la première fois, j'ai tout de suite senti qu'il y avait de la personnalité dans ses vins, qu'ils étaient différents des autres et qu'ils méritaient qu'on s'y intéresse. Le printemps arrivant, j'ai naturellement voulu aller voir les vignes pour mieux appréhender le travail effectué et le potentiel de ses terroirs. Chose faite en ce 26 Mai 2016.

 

Mee Godard dans ses vignes du Py au-dessus de Morgon

Mee Godard dans sa vigne des hauts de Py

 

Mee Godard a donc repris 5 ha de vignes, intégralement en Morgon, mais sur 3 terroirs bien distincts :

  • 1,7 ha en climat Côte du Py, en 3 parcelles (deux au hameau de Morgon et une sur les hauts du Py jouxtant la parcelle avec laquelle Jean-Marc Burgaud produit sa cuvée James)
  • 1 ha en climat Grand Cras d'un seul tenant

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Grand Cras, un terroir d'alluvions en bas des pentes du Py

 

  • 2,3 ha en climat Corcelette (3 parcelles proches de Bellevue)

Vignes de Corcelette tournées vers la plaine

Vignes de Corcelette Bellevue surplombant la plaine de la Saône

 

Ces vignes étaient auparavant « bien tenues » comme on dit mais de manière très conventionnelle par un vigneron qui vendait toute sa production au négoce et dont la priorité était de « faire le plein ».

Les vignes, sur porte-greffe 3309 (qualitatif) ont en grande majorité (plus de 80%) un âge très respectable de 65 ans, le reste ayant 20 ans (une partie de Grand Cras et une parcelle de 20 ares sur Corcelette). Un très bon matériel végétal donc.

 

Concernant les pratiques culturales que Mee met en place, elles sont clairement tournées vers l'agriculture biologique même si ce n'est pas encore le cas car elle se laisse du temps pour ne pas faire d'erreur. Elle ne pourrait pas se permettre financièrement de perdre une partie de récolte en voulant griller les étapes.

Elle utilise du compost et des engrais organiques. Si elle reconnaît en être encore aux balbutiements concernant le travail des sols, elle a déjà mis en route le griffage pour entretenir les vignes pendant le cycle végétatif. Il reste pour l'instant encore un passage de désherbant (un défanant non persistant dans le sol) en début de printemps pour l'instant. Cela lui fend le cœur et elle va faire ce qu'il faut pour pouvoir s'en passer à l'avenir.

 

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Les travaux en vert (ébourgeonnage) sont effectués avec attention, car ce sont eux qui permettent de réguler les rendements, que Mee souhaite autour de 40 hl/ha pour faire des vins aptes à la garde mais pas trop concentrés non plus, pour rester accessibles et élégants. C'est ainsi qu'elle laisse 4 porteurs par pied, pas plus. C'est un travail long qu'elle a effectué seule cette année mais elle prévoit de prendre 2 personnes l'an prochain pour le mener à bien sans être prise pas le temps.

Le traitement des maladies cryptogamiques se fait uniquement par produits de contact (soufre et cuivre), Mee en est à 3 passages sur 2016 et les vignes sont en pleine forme en cette fin Mai.

 

Une belle sortie de raisin sur certains ceps

Dans 4 mois, ce seront les vendanges 2016 ;-)

 

On se quitte donc sur de bonnes perspectives pour l'année, même si on sait maintenant que les semaines suivantes auront été délicates (grêle le lendemain de ma visite sur Corcelette et pression de Mildiou importante en Juin).

Nous n'avons pas regoûté les vins mais je vous remets ici le compte-rendu de ma dégustation précédente :

  • Morgon Corcelette 2014 : On commence brillamment avec un vin fin et subtil aux notes de fruits rouges acidulés. L'équilibre est parfait, aucune rusticité et déjà beaucoup de plaisir.
  • Morgon Grand Cras 2014 : Dense et terrienne, cette cuvée est également plus austère avec une texture un rien granuleuse. Elle offre moins de plaisir en dégustation pure mais se montrerait sans doute plus à son aise à table. On lui laissera un peu de temps pour se faire une meilleure idée.
  • Morgon Côte du Py 2014 : Ce vin semble faire la parfaite synthèse des 2 précédents, il est complet et harmonieux. L'aromatique est plus mûre que sur le Corcelette, légèrement réglissée, bien expressive ; le toucher de bouche est beau, soyeux et fondant, et les tanins d'une grande finesse. On sent beaucoup de précision dans l'extraction et dans l'élevage. A boire avec déjà beaucoup de plaisir ou à garder quelques années.
  • Morgon Passerelle 2013 (cuvée spéciale de Côte du Py) : La maturité semble plus haute, l'aromatique est marquée par le kirsch. En bouche, c'est très patiné avec un élevage encore présent. C'est très bon mais pas le style que je préfère.