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Le Château des Jacques
J’ai été convié, avec d’autres clients, à l’inauguration de la nouvelle cuverie du château des Jacques à Romanèche-Thorins.
Cyril Chirouze, régisseur du Château de Jacques, et Jacques Lardière, l’emblématique directeur technique de la maison Jadot (il a vinifié tous les vins du château depuis le rachat du domaine), nous ont donné beaucoup d’informations tout au long de cette journée. Et nous avons notamment pu faire 2 dégustations des vins de la maison que je vais vous relater.
Voici tout d’abord quelques informations générales :
La maison Louis Jadot achète le château des Jacques en 1996, non sans avoir essayé plus tôt d’autres acquisitions, mais elle s’est heurtée à plusieurs reprises à la défiance locale envers les bourguignons.
La période 1996-2016 a été consacrée à deux choses :
Il nous est indiqué le style des vins n’a jamais été remis en cause et notamment les méthodes de vinification qui sont donc bien antérieures au rachat et qui font l’ADN du château des Jacques. En voici les grands principes : tri des raisins sur table et éraflage (il peut y avoir un peu de grappes entières certaines années, en 2015 par exemple), levures indigènes, macérations longues (3 semaines à 1 mois), extraction par remontages (depuis toujours) et pigeages (plus récents).
La nouvelle cuverie du Château des Jacques
Le nouveau cuvage est construit pour faciliter le travail au chai et aller plus loin dans les détails de vinification, mais sans en changer les grandes lignes. Si l’ensemble des cuves sont renouvelées, on a toutefois choisi de conserver l’usage de cuves béton (plutôt pour les pigeages) et inox (plutôt pour les remontages). D’ailleurs ces dernières sont équipées d’une pompe individuelle (comme on peut le voir sur la photo suivante).
Les nouvelles cuves inox accueilleront le millésime 2018
Le domaine possède aujourd’hui 84 ha de vignes et emploie 18 personnes. 35 ha du domaine sont conduits en bio.
A noter que seuls des raisins du domaine sont vinifiés, il n’y a jamais eu aucun achat de raisins ou de moûts au Château des Jacques.
Il produit principalement des cuvées « Village » né d’assemblages (toutes les parcelles sont présents dans l’assemblage). Les cuvées parcellaires ne sont produites qu’à hauteur de quelques fûts.
La première dégustation concerne les millésimes 2016 et 2017 :
Les Blancs :
Le domaine possède une parcelle de 9,23 ha, le Clos de Loyse, située en aval de Chénas, sur la commune de La Chapelle-de-Guinchay (près de la Saône). C’est un secteur où on a droit aux deux appellations Beaujolais et Bourgogne. Le terroir est argilo-sédimentaire sur granite, identique entre les deux vins produits. La différence se fait au niveau de la vinification. Le Beaujolais en vinifié en cuve inox à 100% pour avoir un fruit croquant. Le Bourgogne blanc est vinifié à la bourguignonne, avec un élevage en fûts entre 50% et 70%.
L’élevage en barriques est une composante importante de la singularité du domaine dans le Beaujolais actuel (mais il y avait 7 tonneliers à Romanèche au début du siècle dernier !)
Les rouges :
Bouche fruité, assez tendre pour un Morgon mais belle constitution, harmonieuse. Aromatique sur la cerise mûre. Déjà bon. B
Bien construit, un air de famille ave le Fleurie 2017 mais sans verdeur. Frais et élégant. Assez consensuel. B
Robe dense, nez fumé plus que fruité (boisé). Bouche droite, un peu dure à ce stade et manquant de chair pour absorber la force tanique bien présente. AB
Bouteille bouchonnée. Goûté rapidement un fond de verre sur une autre bouteille qui montre de très belles qualités de bouche (onctuosité) et des tanins mieux intégrés que La Roche. NN
Nez plus floral, en bouche on sent une minéralité bienvenue qui étend le vin ainsi qu’une fine acidité. Très bel équilibre et de l’élégance. Boisé sensible toutefois. TB
Le climat Les Thorins au premier plan et Romanèche-Thorins au fond
Plus de fond dans ce vin qui semble étonnamment (compte-tenu de son altitude) d’une plus grande maturité. On m’indique alors qu’il a été récolté 10 jours plus tard. On perd toutefois en élégance je trouve, là où on gagne en charme et en plénitude. C’est très bon, plus avenant mais d’un autre style. TB
Vin plein, radieux, avec des notes de cerise bien caractéristiques du cru et un équilibre irréprochable. Le meilleur de la série et une grande réussite. Déjà très bon, il ne sera peut-être pas nécessaire de l’attendre 10 ans. TB+
L’autre dégustation concerne le Moulin-à-vent Clos de Rochegrès « à travers les âges » :
Robe rubis intense. Très légère réduction au nez. La bouche est fruitée, intense mais finit sur une amertume désagréable. B
Robe dense. Bouche puissante et ronde, tanique (astringence marquée en fin de bouche). Je l’avais mieux goûté 6 mois plus tôt, là il semble s’être refermé, ce qui n’est pas illogique. Gros potentiel mais à attendre longtemps. TB
Robe tuilée, plus claire et plus évoluée que le 2005 servi en parallèle. Bouche fine et bien assez acide… Fin de bouche légère et tout de même tanique. B (si on aime l’acidité).
Robe dense légèrement évoluée. Bouche équilibrée et bien en place, mais sensiblement boisée. Bonne fraîcheur et tenue en bouche impeccable. Il manque de charme mais sa droiture et son aplomb sont certains. Le temps n’a pas l’air d’avoir beaucoup agi sur ce vin qui évoluera sereinement sur 15/20 ans de plus. TB
Robe comparable au 2005. Bouche tendre et harmonieuse, arrivée à maturité. Notes de cerises kirchées. Il reste du peps et de la tenue mais ce n’est pas du tout anguleux. Un très beau vin à maturité et une réussite. TB
Robe évoluée. Très torréfié au nez, il est fin et élégant en bouche et ses tanins sont parfaitement fondus. C’est bien en place et il me semble qu’il ne faut plus trop l’attendre. TB-
Très beau vin plus fringant que le 2000, très harmonieux dans son bouquet comme dans sa structure, il peut encore attendre même s’il est déjà très bon. TB
Robe bien évoluée, bouche tendre presque moelleuse, harmonieuse. Semble être à son apogée. Très gouteux et très bon. TB+
Robe évoluée mais encore dense et limpide. Très comparable à 1997 bizarrement (12 ans de différence d’âge tout de même). Lui aussi harmonieux et prêt à boire. On nous indique que c’était un grand millésime ici. Ça se confirme car à 33 ans il est encore fringant. Peut-être le meilleur vin de la journée. TB+
Fatigué, il présente une robe trouble et une aromatique tertiaire usée. Aurait dû être bu il y a bien longtemps. Pas de plaisir possible pour moi. NN
Magnums de mon année de naissance ! Pas de chance, celui qui a été ouvert était fatigué...
Robe trouble et sans éclat. Le vin ne manque pas de fraîcheur (une surprise dans cette année caniculaire) mais le fruit est presque éteint et les notes de café dominent. Pas une grande bouteille mais encore correct. AB+
On me sert la fin du premier magnum qui est presque imbuvable tant elle est troublée et chargée par les dépôts qui ont été remis en suspension lors du service. J’arrive à récupérer un peu de l’autre magnum avant la vidange… Si la robe n’est guère plus brillante et affiche un triste marron, la bouche quant à elle affiche une belle énergie et est encore bien tenue. Clairement sur la pente descendante mais pas éteint donc. B
1967 s’en tire pas mal malgré ses 51 ans
Je tire 2 conclusions de cette verticale :