De passage au domaine de Jacques et Nathalie Saumaize à Vergisson, ce fût l'occasion de découvrir différentes parcelles du domaine ainsi que la façon dont elles sont travaillées ; il était également intéressant de faire un point sur l'état des vignes, un mois tout juste après l'épisode historique de grêle qu'a connu le Mâconnais et qui a fait des dégâts énormes.
J'embarque avec Anthony Saumaize, le fils de Jacques et Nathalie, qui travaille au domaine mais qui a également quelques parcelles en propre depuis son installation en 2011.
Direction Les Courtelongs, sur la face nord de la roche de Solutré qui n'est qu'à quelques encablures. De là, la vue est magnifique sur le village et la roche de Vergisson qui domine les vignes.
Roche de Vergisson (483m), vue prise depuis la parcelle Les Courtelongs
Il s'agit d'une petite parcelle d'une vingtaine d'ares de vieilles vignes (environ 50 ans), très qualitative. Sur un terroir argilo-calcaire commun à toute l'exploitation, mais avec un sol profond ici (3 à 5 m), les vignes sont plantées dans une pente assez forte, permettant toutefois le passage des tracteurs (quand la terre n'est pas trop humide). L'exposition est plein nord, ce qui explique qu'elle soit une des plus tardives du domaine.
Vignes des Courtelongs
A première vue, on se dit que la grêle n'a pas fait trop de dégâts ici, les ceps portent tous des feuilles et c'est bien vert... Mais à y regarder de plus près, on s'aperçoit que ce n'est pas si simple. On voit clairement sur les photos suivantes que des bourgeons ont été détruits et que certaines pousses proviennent de bourgeons secondaires non fructifères. Pour cette parcelle, une perte de 50% est estimée à ce jour.
Sur ce cep, 1 seul bourgeon a survécu sur les 7 yeux de la baguette...
En haut un bourgeon détruit sans départ de bourgeon secondaire,
Et en bas un bourgeon secondaire (pas ou peu fructifère) qui prend le relais du bourgeon détruit
Nous rejoignons ensuite le sud du village de l'autre côté de la combe, pour nous rendre à La Maréchaude, autre parcelle emblématique du domaine. Voici la vue « opposée » qui nous permet de voir la parcelle Les Courtelongs sous la roche de Solutré :
Les Courtelongs sous la roche de Solutré (493 m)
La Maréchaude est exposée plein sud, de très vieilles vignes (75 ans) s'y épanouissent sur un sol beaucoup moins profond et plus caillouteux. La parcelle, qui ne fait également que 20 ares, a échappé à la grêle et est dans un état magnifique, avec très peu de manquants qui plus est.
La Maréchaude : remarquable parcelle de très vieilles vignes
Nous reprenons la route et Anthony m'emmène sur la Roche de Vergisson qui possède des terroirs classés en 3 appellations : Saint-Véran, Mâcon-Villages Pouilly-Fuissé.
A l'est, la route nous amène d'abord aux Saint-Véran En Crèches, de loin le climat le plus important du domaine avec environ 4 ha exploités. La terre y colle terriblement aux chaussures, ce sont des vignes plus difficiles à travailler lorsque le temps est humide, d'autant que les pentes sont parfois asses raides. Nous ne nous attardons pas car la pluie est intense...
Nous passons ensuite aux Mâcon-Villages Sur la Roche, où Jacques Saumaize est en plein labeur malgré la pluie. La parcelle est particulièrement prise par l'herbe malgré le travail du sol déjà effectué. Jacques explique que l'outil a coupé les racines et décollé les herbes mais que compte-tenu de l'humidité, celles-ci ne sont pas tuées, reprennent racine et poussent de nouveau...
Mâcon-Villages Sur la Roche : l'herbe y est tenace en ce mois de Mai
Le travail du sol n'y suffisant plus, Les Saumaize ont pris leur courage à deux mains et, avec des griffes, ont arraché les herbes les plus gênantes (celles qui poussent autour des ceps et montent dans le feuillage). Un travail harassant qui demande beaucoup d'abnégation, surtout par le temps pourri du jour. C'est là qu'on voit toute la force mentale et physique de ces vignerons que rien n'arrête. Moi je leur tire mon chapeau !
Nous reparlons de la grêle qui a beaucoup touché cette parcelle (difficile encore de quantifier les pertes, mais plus de 50% c'est certain), avec certains pieds ne donneront rien du tout, comme celui-ci par exemple :
Un cep qui reste désespérément « sec » après le passage de la grêle
On ne le voit pas sur la photo mais la pluie redouble et nous sommes trempés... je n'allais pas faire ma chochotte et remonter dans la voiture alors que Jacques Saumaize travaillait sans broncher !
Un dernier arrêt un peu plus haut, toujours Sur La Roche, mais en Pouilly-Fuissé cette fois. Encore une remarquable parcelle où on voit que le travail du sol a ici été parfaitement efficace, un vrai jardin !
Pouilly-Fuissé Sur la Roche
Au domaine, Nathalie Saumaize m'indiquera ensuite qu'ils ne sont pas couverts par l'assurance grêle et qu'ils s'attendent à 50% de pertes sur le millésime 2016, dur dur... La perte financière est énorme, ce qui n'est pas pour arranger les choses alors que les vignerons se remettaient juste à flot après des millésimes 2012 et 2013 aux rendements très faibles.
Nous dégustons le Pouilly-Fuissé Les Courtelongs 2014, riche et bien ouvert sur des notes de fruits jaunes et de miel, puis le Pouilly-Fuissé Sur la Roche 2014 qui lui s'est refermé mais offre tout de même une très belle trame minérale.
Je vous invite à découvrir les vins de ce beau domaine qui malgré les vicissitudes du climat, réalise un travail exemplaire et continue de proposer ces vins à des prix très raisonnables, « car le vin c'est le partage », voilà une belle philosophie, merci à la famille Saumaize !